Changement climatique au Niger

Une commune défie le changement climatique

Le Niger est particulièrement touché par le changement climatique: de fortes précipitations succèdent à de longues périodes de sécheresse. Des phénomènes qui aggravent la faim. Une région a néanmoins pu améliorer ses conditions de vie avec l’aide de SWISSAID, et ce sur le long terme.

En bref

Pays, région:
Kieché, Niger
Durée:
Mars 2020 - mai 2023
Bénéficiaires:
2'720
Budget total du projet:
CHF 327'349

But

L’objectif du projet est d’aider les personnes concernées à s’adapter aux conditions climatiques changeantes et à assurer leur sécurité alimentaire. Les pénuries alimentaires dans la commune doivent être combattues par la promotion d’une culture maraîchère agro-écologique, d’un élevage extensif, de meilleures possibilités de stockage ainsi que de la transformation et de la commercialisation des produits. Les femmes, qui assument la charge principale de l’alimentation familiale, sont au centre de la promotion. Des cours d’alphabétisation renforcent leur position et favorisent leur indépendance financière.

Concrètement, les objectifs suivants sont fixés :

  • Augmenter la résilience des familles de petits paysans face aux effets du changement climatique.
  • Une alimentation suffisante et équilibrée grâce à l’introduction et à l’application de techniques de production agro-écologiques.
  • Renforcer la situation politique et socio-économique des femmes.

Le projet est financièrement soutenu par la DDC.

Dans ce paysage désertique, les jardins en fleurs s’apparentent à de petites oasis. Des poules se promènent entre les huttes en argile. Le bêlement des chèvres se mêle aux rires des enfants. Salamatou Zamnaou est assise devant sa hutte. Avec d’autres paysannes, elle moud des cacahouètes pour en obtenir une pâte. Ses vêtements colorés ressortent dans le décor beige. La scène paraît presque idyllique. Pour une fois, les apparences ne sont pas trompeuses. Ou presque. À Kiéché, dans l’est du Niger, on voit des légumes sortir de terre, mais également l’espoir renaître depuis quelque temps.

«Autrefois, la pauvreté était beaucoup plus visible. Ces derniers mois, de nombreuses choses ont changé dans le bon sens.»

Salamatou Zamnaou, paysanne de la commune de Kiéché, au Niger.

Les conditions se révèlent pourtant difficiles. Le Niger compte parmi les pays les plus pauvres du monde et occupe la triste dernière place de l’indice de développement humain de l’ONU. La faim et la pauvreté constituent des problèmes quotidiens. Près de la moitié des enfants âgés de moins de cinq ans souffrent de malnutrition. La vie est particulièrement rude dans les régions rurales du Sahel comme Kiéché. Le travail de la terre rapporte peu. Les hommes quittent les lieux en quête d’une vie meilleure. Les femmes restent, elles, au village pour s’occuper des personnes âgées, des enfants, des animaux et de la terre.

Des sols désertiques

En raison du changement climatique, la terre est de moins en moins fertile. Depuis 1961, la productivité agricole a diminué d’un tiers. Dans les pays d’Afrique subsaharienne, le réchauffement climatique a poussé plusieurs millions de personnes à quitter leur région. Si le réchauffement n’est pas ralenti, 24 millions d’enfants supplémentaires souffriront de malnutrition d’ici à 2050. L’Afrique subsaharienne sera la région du monde la plus durement touchée: chaque année, 12 millions d’hectares s’y transforment en désert. C’est ce qui ressort des études de l’ONU. À Kiéché, cela signifie très concrètement une diminution de la nourriture à disposition.

«Nous prévoyons une baisse des récoltes de près de 10%. C’est ce que montrent les données des Nations Unies.»

Sonja Tschirren, responsable du dossier climat chez SWISSAID (voir interview)

Salamatou Zamnaou subit directement ces conditions de plus en plus rudes. «Nous attendons la pluie depuis des semaines», explique-t-elle en regardant le ciel bleu. Aucun signe de précipitations à l’horizon. La terre aurait pourtant besoin d’eau de toute urgence. L’année 2022 a été particulièrement mauvaise. Or, lorsqu’arrive la pluie, elle est (trop) abondante. «Les saisons ont changé. Les fortes précipitations alternent avec les sécheresses. Cultiver les champs devient très difficile», pointe Sonja Tschirren.

L'agroécologie contre la crise climatique

Grâce à l'agroécologie, les paysan-ne-s sont moins dépendants des facteurs externes et plus résilients face aux événements climatiques extrêmes. Vos dons sont un soutien essentiel pour aider les populations du Sud à s'adapter au changement climatique.

Pourquoi Kiéché?

Cependant, Kiéché jouit d’une position privilégiée à bien des égards. La région bénéficie d’un bon potentiel de développement. Le niveau de la nappe phréatique s’avère élevé et les sols sont riches en nutriments: des bases importantes que SWISSAID veut et peut utiliser avec la population locale pour lutter contre la faim. Ainsi, SWISSAID construit 18 puits dans la région et forme les petites paysannes à des méthodes de culture durables. Pour que le travail se poursuive à l’issue du projet, les connaissances et les méthodes d’organisation sont transmises à l’association locale de petites paysannes.

Ces derniers mois, celle-ci a tissé un réseau avec d’autres communes de la région et s’étend désormais sur plus de 21 villages. «De plus en plus de paysannes veulent y prendre part», souligne Salamatou Zamnaou. La raison est évidente: la pauvreté a nettement diminué au cours des derniers mois. Salamatou Zamnaou s’en réjouit. Et de quoi la paysanne est-elle particulièrement fière? «Des connaissances acquises en agroécologie. Ainsi, nous pouvons nous aider nous-mêmes!» Et de reprendre un dicton africain pour décrire le travail de SWISSAID: «Mieux vaut apprendre à pêcher que de recevoir un poisson!»

Salamatou Zamnaou reprend un dicton africain pour décrire le travail de SWISSAID: «Mieux vaut apprendre à pêcher que de recevoir un poisson!»